Mike Goyvaerts (batterie, percussions, jouets), Jeffrey Morgan (saxophones soprano & ténor), Willy Van Buggenhout (synthétiseur EMS) ne sont pas sans faire penser à un grand trio d’improvisation libre européenne : le trio Brötzmann/Van Hove/Bennink (et notamment le FMP 130, un des albums d’eai les plus marquants pour moi). Goyvaerts/Morgan/Van Buggenhout proposent des improvisations radicales, aventureuses et très énergiques. Un saxophone nasillard, des percussions qui renouvellent constamment leur timbre et changent toujours d’intensité, un synthétiseur non dénué d’humour qui va chercher tout ce qu’il peut trouver. Et c’est ce mélange d’humour, de créativité et d’agressivité qui rappelle le légendaire trio de Brötzmann.
Le dialogue n’est pas évident entre les trois musiciens, leur monde n’a pas grand chose à voir, mais ils arrivent tout de même à créer une forme qui paraît paradoxalement aussi chaotique qu’unifiée. Chacun a son style, son approche, ses limites, autant d’éléments surtout déterminés par leur instrument, mais ils arrivent tout de même à s’unir grâce à une écoute très réactive et une interaction sensible où chacun place ce qu’il peut placer au moment opportun. D’où les nombreux dialogues à deux qui parcourent ce disque, d’où l’absence du troisième ou le cantonnement régulier à un rôle d’accompagnement. Tout n’est pas possible, et c’est cette difficulté à s’unir qui donne du charme à ce disque. Une difficulté surmontée surtout rythmiquement, mais aussi par des attaques similaires, une énergie toujours égale, et un humour commun. C’est pas mal du tout, même si je dois l’avouer, il se peut aussi que je sois surtout sous le charme de l’aspect complètement décalé et souvent humoristique, parfois carrément extraterrestre, de l’utilisation des synthés en impro libre – instrument que je trouverai toujours hallucinant…
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