On dit du joueur de violon qu’il est violoniste, du joueur de guitare qu’il est guitariste… Et du joueur de batterie ?
Depuis Frédéric Firmin, on dit aussi batteriste !…
Batteriste plutôt que batteur, qui lui évoque un personnage rustre a mi-chemin entre le mari violent et le garçon de ferme. Batteriste plutôt que batteur qui contribue à colporter l’image d’un demi-musicien, d’une brute broussailleuse à la grâce de majorette obèse. Batteriste plutôt que batteur pour rendre hommage à l’extraordinaire complexité de cet ustensile aux apparences de dinosaure musical, de quincaille a mémère : la batterie considérée comme un instrument a part entière.
C’est que sous des allures d’arrangement savant de tam-tams primitifs, la batterie cache une déroutante modernité. Certes les parties dont elle est le tout, futs, cymbales, percussions, sont d’origines variées et lointaines – fanfare militaire, orchestre classique… –, la caisse claire vient d’Europe, les cymbales d’orient, mais c’est le jazz qui en fit l’assemblage, le jazz qui en fit la promotion et imposa sa forme actuelle, et c’est la le seul instrument que le jazz offrit au monde.
Pierre angulaire de la section rythmique, la batterie est ce qui reste quand on a tout oublié, épicentre des musiques actuelles, la pulsation fondamentale à laquelle trop souvent on la réduit par manque de technique et d’imagination.
De l’imagination, de la technique Fréderic Firmin en a. Ça ne suffit pas pourtant pour faire d’un solo de batterie une batterie solo, non, son grand petit plus c’est la musicalité, car il est avant toute chose et par-dessus toute chose un musicien. Un musicien qui avec générosité et sans retenue donne le meilleur de son talent, de sa sensibilité pour un disque et un dvd rare. Classe dans le jazz, genre auquel il se rattache le plus mais qu’il n’est pas, alors ?! Musique ethnique ? Mais quelle ethnie ? Composition avant-gardiste ? Sûrement ! Musique contemporaine ? Les subventions en moins, le public en plus ! Rien et tout à la fois. La réponse est vraisemblablement ailleurs que dans les en-têtes de bac du disquaire : voyage, histoire, courant porteur, fable rythmique… Un disque qui s’écoute les yeux fermés, un dvd qui se regarde à cœur ouvert.
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